De passage

Il existe une différence essentielle entre prendre en photo un lieu que nous connaissons déjà et prendre en photo un autre que nous venons de rencontrer pour la première fois. Faire un portrait de quelque chose ou de quelqu’un connu implique avoir préparé la prise de vue en amont, ne serait-ce que mentalement, avoir au minimum imaginé l’image que nous aimerions créer. Les différentes options se conjuguent à l’avance pour être prédisposé : les aspects techniques, esthétiques, la raison pour la quelle nous prenons la photographie, l’idée d’origine du sens que nous voulons donner à l’image que nous allons créer, etc. En revanche, lorsque nous prenons en photo un référent que nous venons de découvrir pour la première fois ce processus est différent, spécialement quand nous sommes de passage dans un endroit dont nous savons que nous ne retournerons jamais. Il se produit un jeu de séduction, comme une révélation qui nous indique que c’est cet espace et non pas un autre que nous devons prendre en photo. Il faut improviser avec le matériel que nous avons sur nous, il n’y a pas de temps pour trop réfléchir, pour attendre la lumière appropriée, pour revenir à un autre moment où la rue sera plus calme, ou peut-être plus agitée. Malgré cela nous prenons le risque, nous prenons une photo, nous essayons d’en tirer une sorte de « caractère » du lieu, comme qui fait un portrait d’une personne et tente de capturer un geste précise qui l’intéresse.

Baie de Somme, 2016
Irlande, 2018
Varsovie, 2016
Bages, 2019